Les lauréat.e.s 2023

bd BOUM 40
Les lauréat.e.s 2023
Lors de la traditionnelle remise des prix de bd BOUM, différents prix ont été décernés.


affiche BdBoum39 avec logosGRAND BOUM – VILLE DE BLOIS 2023
David Prudhomme

PRIX JACQUES-LOB
Créé en 1991 en hommage à Jacques Lob, le prix est remis chaque année à un-e scénariste
Laurent Galandon

PRIX RÉGION CENTRE – VAL DE LOIRE
Crayon noir, Samuel Paty, histoire d'un prof
Valérie Igounet & Guy Le Besnerais, Studiofact éd.

PRIX LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT 41 pour le JEUNE PUBLIC
La longue marche des dindes
Léonie Bischoff, éd. Rue de Sèvres

PRIX CONSEIL DÉPARTEMENTAL 41
Les bras armés, T1 Les désignés
Enrico Orlandi & Pog, éd. Dupuis

PRIX LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE
Indiana
Claire Bouilhac (& Catel) d’après George Sand, éd. Dargaud

HORIZON JEUNE TALENT - LA SAIF
Mounta calà, Mathilde Paix

LES MÉDAILLES EN CHOCOLAT
Philippe Morin, éditions PLG - La SAAJ -
Olivier Souillé - Véropée

 

David PRUDHOMME, Grand Boum Ville de Blois 2023

Les Prix 2023Son œuvre exigeante et protéiforme incarne une véritable vision d’auteur. Né à Tours, le 4 octobre 1969, David Prudhomme se souvient d’avoir toujours dessiné. À l’adolescence, il remporte à deux reprises le concours de la BD scolaire de la Caisse d’Épargne. Arno, André Juillard ou Moebius le conseillent amicalement.

En 1990, il intègre la section bande dessinée de l’école des Beaux-Arts d’Angoulême. Deux ans plus tard, il entame Ninon secrète, une série connexe des 7 vies de l’Épervier, scénarisée par Patrick Cothias et éditée chez Glénat. Influencé au départ par Juillard, David s’éloigne progressivement de son modèle, adoptant, au fil des épisodes, un trait moins académique, plus libre.

En 1999, il dessine Port Nawak, un récit ironiquement absurde scénarisé par Jean-François Hautot, dessiné dans un style rond et coulant et publié chez Vents d’Ouest. Avec L’Oisiveraie, David, ici scénariste et dessinateur, met en scène un marginal mettant toute son énergie à ne rien faire, inspiré d’une des figures locales de Grangeroux, dans la périphérie de Châteauroux où il passa son adolescence. Une œuvre malicieuse entamée d’Étienne Davodeau, il adapte chez Delcourt La Tour des miracles, inspirée d’un roman éponyme et fantaisiste de Georges Brassens, l’enchanteur du quotidien. Il livre une interprétation zoomorphique de la Farce de Maître Pathelin, la plus célèbre pièce comique du théâtre médiéval, aux éditions de l’An 2, puis interprète J’entr’oubliay, une poésie de François Villon, chez Alain Beaulet.

David Prudhomme a entre-temps fait la connaissance de Pascal Rabaté. Les deux hommes s’entendent comme larrons en foire, parlent le même langage. Après Jacques a dit et Le Jeu du foulard, deux courts récits proposés chez Charrette, le tandem signe La Marie en plastique, un diptyque sorti chez Futuropolis. S’y ajoutera plus tard leur vivifiant Vive la marée !

Avec Rébétiko, toujours chez Futuro, en 2009, l’auteur se lance en solo dans son premier récit au long cours. Beaucoup y découvriront cette musique grecque des bas-fonds, des laissés-pour-compte. L’action se passe en octobre 1936, au Pirée et à Athènes, sous la dictature de Metaxás. Il y est question de censure, d’exil, de misère, de rapport au pouvoir et, là encore, de quête de liberté. Il se murmure que David se pencherait aujourd’hui sur le style des amanedes, un autre versant du rébétiko. Mais, chut, n’allons pas plus vite que la musique !

Remontant le temps, l’homme se passionne pour l’art pariétal et a la chance de pouvoir visiter une dizaine de grottes préhistoriques, entraînant avec lui ses potes Troubs, Rabaté, Davodeau, auxquels se joignent Emmanuel Guibert et Marc-Antoine Mathieu. Belle distribution. De cette virée souterraine naît le livre-chorale Rupestres ! S’associant avec Le Musée du Louvre, Futuropolis publie ensuite sa Traversée du Louvre. On y gambade avec un avatar du dessinateur, coiffé d’une chapka et dérivant de salle en salle à la recherche de la personne qui l’accompagnait. Un mince fil rouge traité sous la forme d’un magistral travelling dans lequel les œuvres et le public entament un fascinant ballet.

Après Mort & vif avec Jeff Hautot, chez Futuro, il s’associe à Fabien Vehlmann et illustre son second livre de L’Herbier sauvage pour « Noctambule ». Pour cette même collection, il regroupe ses dessins de sumotoris. Accompagné de textes de Sonia Déchamps, le beau-livre Sumographie paraît en 2019.

Ponctué par des récits familiaux, des articles de la presse quotidienne, des repérages in situ et des paysages vus du ciel, Du bruit dans le ciel, sorti chez Futuropolis, revient sur ses années à Grangeroux, raconte l’histoire d’un territoire passé d’un petit coin de campagne à une zone périurbaine. Un livre tendre et juste, récompensé en 2021 par le prix de La Nouvelle République, lors du festival bd BOUM. Deux ans plus tard, après s’être confié avec une belle sincérité à Sonia Déchamps et Fabrice Douar dans Le dessin mène la danse, une indispensable somme parue aux éditions Barbier, il se voit cette fois décerner le Grand Boum - Ville de Blois pour l’ensemble de son œuvre.
En attendant que s’ouvre un nouveau chapitre à même de nous surprendre encore.